Durant la période de confinement, entre le 14 mars et le 3 mai 2020, la directive a été donnée aux
hôpitaux et aux prestataires de soins ambulatoires d’annuler ou de postposer les consultations,
examens et interventions non-urgents ou non essentiels afin d’éviter un encombrement des
infrastructures de soins ainsi qu’une surcharge au niveau des prestataires de soins et de limiter les
risques de propagation du virus.
Les retours de terrain, ainsi que les résultats issus de différentes enquêtes qualitatives menées
auprès de la population belge depuis le début de la crise sanitaire, montrent que l’épidémie a eu un
impact important sur l’accès au système de soins de santé.
Selon l’enquête de Sciensano1
réalisée début avril, les taux d’annulation des rendez-vous prévus
variaient entre 25 et 90% selon les professionnels de la santé.
Il est alarmant de constater, par
exemple, que 65% des personnes qui devaient passer un traitement médico-technique ont dû
l’annuler et que 60% des répondants n’ont pas pu continuer leur suivi psychologique. L’accès aux
services d’aide à domicile a aussi été mis à mal par l’épidémie : 50% des participants n’ont plus eu
d’aide familiale ou des soins et 28% n’ont plus reçu de services d’une infirmière à domicile.
La 4ème vague de l’enquête réalisée par l’Université d’Anvers2
réalisée à la même période montrait
également que 23% des répondants avouaient un problème de santé mais avaient préféré reporter
leur rendez-vous en raison de la crise sanitaire et 52% des personnes déclaraient ne pas pouvoir
consulter leur médecin, physiothérapeute ou dentiste pour leur problème de santé.
De même, selon l’enquête menée par l’Université catholique de Louvain3
, une personne sur deux
affirmait avoir renoncé à des soins de spécialistes prévus avant la crise.
Les résultats de ces différentes enquêtes concernent surtout le report/non suivi de soins mesuré au
sein de la population générale et tous types de soins confondus jusqu’à présent.
A côté de ces enquêtes, Solidaris a récemment réalisé une première étude4 sur base de données
quantitatives pour mesurer l’évolution des contacts avec la médecine générale suite au
confinement. Concrètement, nous avons mesuré les contacts 6 semaines avant et 6 semaines
après le début du confinement. Nos résultats montrent, entre autres, que :
- La crise a impacté de manière significative le recours normal à la 1ère ligne de soins mais la
diminution de contacts avec le médecin généraliste a pu être limitée grâce aux
téléconsultations (-26% au lieu de -62%).
- Les malades chroniques5 ont réduit les contacts avec le médecin généraliste de 18%.
- La crise a surtout touché les patients déjà fragilisés socio-économiquement au sein desquels
la baisse de contacts avec le médecin généraliste était de 32%.
Au vu de ces constats, Solidaris a souhaité approfondir les analyses et creuser ces différents
aspects de la question du suivi des soins via une enquête dédiée spécifiquement aux malades
chroniques pour les interroger sur leur vécu et leur situation suite à la crise, en s’intéressant à leurs
soins de manière globale (aussi bien les consultations médicales avec les généralistes et les
spécialistes, que les prestations et actes techniques) dans le cadre de leur maladie chronique.
A noter que dans le rapport, nous utiliserons le terme « consultations » pour tout ce qui concerne les
rendez-vous prévus avec un médecin généraliste ou spécialiste et le terme « prestations » pour les
rendez-vous prévus avec d’autres professionnels de la santé. Nous parlerons de « consultations et
autres prestations » lorsque nous parlons des « prestataires de soins » d’une manière générale (soit
les médecins généralistes et spécialistes ainsi que les autres professionnels de la santé).